Ce
30ème Dimanche du Temps Ordinaire C s’ouvre officiellement l’année
académique communautaire et spirituelle de votre séminaire saint Jean Paul II
de M’Pouto. Hier samedi 22 octobre, l’Eglise a célébré la fête liturgique de
votre Saint Patron le pape Saint Jean Paul II. Ce pape extraordinaire et
providentiel, grand pasteur qui a voyagé dans tous les continents, grand
humaniste, qui a œuvré pour la civilisation de l’Amour en étant très proche de
l’homme. Je voudrais l’invoquer en ce début d’année pour qu’il vous obtienne
des grâces en abondance pour une année fort riche en expériences spirituelles.
Je
voudrais tout d’abord me tourner vers l’équipe des formateurs avec à sa tête le
révérend Père Hervé KOUASSI, recteur de ce Séminaire. Au nom de son éminence le
cardinal Jean-Pierre KUTWA je vous exprime toute ma gratitude pour votre
disponibilité à accompagner vos jeunes frères qui ont décidé de suivre de près
Jésus Christ pour en être plus tard ses disciples. Comme vous le savez, la
formation des prêtres aujourd’hui encore est complexe. Comment les aider à être
à la fois libres et responsables dans leur propre cheminement ? Comment
les aider et les amener à se découvrir en vue du véritable travail de
discernement vocationnel ? Grâce à votre manière d’être, à votre proximité
avec chacun d’eux et surtout à votre flair de formateur, l’Esprit vous conduira
dans la vérité de leur être.
A
vous chers séminaristes, avec cette année spirituelle et communautaire, vous
commencez votre cheminement vocationnel de plus près et devient une réalité
palpable. Ce projet de Dieu reste à affiner au fil des années. Cette première
année donc est pour vous la plus importante, voire cruciale. Elle vous exige de
poser les fondements de la vie spirituelle en vue de devenir des prêtres selon
le Cœur de Dieu. Celui qui fait le véritable travail est l’Esprit Saint. Or
travailler avec l’Esprit demande de se laisser faire. Vous conviendrez avec moi
que ce n’est pas du tout facile en ce sens que l’ennemi du travail de l’Esprit
est le MOI, l’EGO. La tendance naturelle est de se tourner vers SOI, de
s’enfermer en SOI. Ce sera pour vous une lutte contre vous-même pour vous
disposer au travail de l’Esprit. Pour se faire, vous aurez toujours besoin de
deux éléments capitaux : l’ORAISON et LA LECTIO DIVINA. Par l’ORAISON,
vous entretenez une relation d’amour avec votre AMI JESUS, un commerce d’amitié
disait sainte Thérèse d’Avila. Dans cette relation d’amour, vous écouterez à
écouter, à vous laisser interpeller par votre AMI, qui est le LOGOS, LA PAROLE.
Dans
cette ambiance spirituelle que vous expérimenterez la différence culturelle.
Vous rendrez compte (certainement que vous avez commencé à le vivre puisqu’il y
a quelques semaines que vous vivez ensemble) que le défi se trouve dans l’unité
dans la diversité de votre être. On voudrait tellement que les autres soient
comme nous, et nous pensons que c’est la solution au problème de la communauté.
Ne vous détrompez pas. Même dans l’équipe que votre AMI a composée durant son
ministère dans le choix des douze, ils étaient presque tous différents. Chacun avec
sa particularité, ses préférences, ses qualités et ses défauts.
Jésus
disait à ceux qui le suivaient : « ce peuple m’honore des lèvres,
mais son cœur est loin de moi ». Vous
laissez découvrir progressivement, être vous-même devant vos formateurs est au
cœur du discernement vocationnel (?). La parole de Dieu de ce Dimanche en est
une belle illustration. Jésus nous propose deux modes de vie : le pharisien
et le publicain.
? Depuis que je suis arrivé ici, dix personnes ont trébuché sur cette pierre, et aucune n’a eu l’idée de l’enlever pour empêcher les autres d’en faire autant »
Chaque
fois que nous nous justifions de nos
erreurs au nom de notre sincérité.
Chaque
fois que nous critiquons les politiciens sans proposer de solutions réalistes.
Chaque
fois que nous mentons de bonne foi.
Chaque
fois que nous prétendons être éclairés par l’Esprit Saint plus qu’un autre.
Ce
qui est intéressant, c’est qu’on ne se reproche rien ; on ne met pas en
question : est-ce que Jésus ne s’adresse-t-il pas à moi dans cette page de
l’Evangile ? C’est ici que la lectio divina trouve sa vérité, son objet
capital : se remettre en cause car la parole de Dieu m’interpelle moi
aussi comme les autres.
L’exemple
du publicain doit faire choc en nous : il se reconnait pécheur, il n’ose
pas même lever les yeux tellement il a honte de ses péchés. Il prend conscience
qu’il n’aime pas assez ; il ne cherche pas des excuses pour justifier ses
faiblesses ; il ne se compare pas aux autres, mais il se met face au
miroir et accepte ce qu’il est en réalité.
Mes
chers séminaristes, avec la grâce de Dieu, suivez le modèle du publicain.
A
vous chers parents de nos séminaristes et chers frères et sœurs.
Cette
année encore, le Seigneur nous envoie ses serviteurs pour qu’ensemble nous
cheminions. Sachez que c’est une grâce que de prier pour ceux qui, demain
seront nos prêtres et mêmes nos évêques. Leur cheminement vocationnel qui
commence officiellement est aussi votre affaire. Votre présence à leurs côtés
les rassure. Ils ne sont pas des anges, ni des démons. Ils sont faits de chair
et d’os. Quelquefois le côté pharisien pourrait prendre le dessus, c’est à nous
de les comprendre et pourquoi pas de les guider. Merci au nom de notre
archevêque le cardinal Jean Pierre KUTWA pour vos aides matérielles, financières et
spirituelles.
Révérends
Pères, chers séminaristes, chers parents et chers frères et sœurs, en invoquant
les prières de saint Jean Paul II et bien entendu de notre Bonne Mère, que
cette année 2022-2023 nous réserve des surprises agréables en vue de raffermir
notre vocation baptismale et presbytérale. Fructueuse année académique et
spirituelle.
P. Séverin LATH, cjm
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