dimanche 23 octobre 2022

Messe Rentrée au Séminaire propédeutique Saint Jean Paul II de M’Pouto de l’Archidiocèse d’Abidjan

 

Ce 30ème Dimanche du Temps Ordinaire C s’ouvre officiellement l’année académique communautaire et spirituelle de votre séminaire saint Jean Paul II de M’Pouto. Hier samedi 22 octobre, l’Eglise a célébré la fête liturgique de votre Saint Patron le pape Saint Jean Paul II. Ce pape extraordinaire et providentiel, grand pasteur qui a voyagé dans tous les continents, grand humaniste, qui a œuvré pour la civilisation de l’Amour en étant très proche de l’homme. Je voudrais l’invoquer en ce début d’année pour qu’il vous obtienne des grâces en abondance pour une année fort riche en expériences spirituelles.

Je voudrais tout d’abord me tourner vers l’équipe des formateurs avec à sa tête le révérend Père Hervé KOUASSI, recteur de ce Séminaire. Au nom de son éminence le cardinal Jean-Pierre KUTWA je vous exprime toute ma gratitude pour votre disponibilité à accompagner vos jeunes frères qui ont décidé de suivre de près Jésus Christ pour en être plus tard ses disciples. Comme vous le savez, la formation des prêtres aujourd’hui encore est complexe. Comment les aider à être à la fois libres et responsables dans leur propre cheminement ? Comment les aider et les amener à se découvrir en vue du véritable travail de discernement vocationnel ? Grâce à votre manière d’être, à votre proximité avec chacun d’eux et surtout à votre flair de formateur, l’Esprit vous conduira dans la vérité de leur être.

A vous chers séminaristes, avec cette année spirituelle et communautaire, vous commencez votre cheminement vocationnel de plus près et devient une réalité palpable. Ce projet de Dieu reste à affiner au fil des années. Cette première année donc est pour vous la plus importante, voire cruciale. Elle vous exige de poser les fondements de la vie spirituelle en vue de devenir des prêtres selon le Cœur de Dieu. Celui qui fait le véritable travail est l’Esprit Saint. Or travailler avec l’Esprit demande de se laisser faire. Vous conviendrez avec moi que ce n’est pas du tout facile en ce sens que l’ennemi du travail de l’Esprit est le MOI, l’EGO. La tendance naturelle est de se tourner vers SOI, de s’enfermer en SOI. Ce sera pour vous une lutte contre vous-même pour vous disposer au travail de l’Esprit. Pour se faire, vous aurez toujours besoin de deux éléments capitaux : l’ORAISON et LA LECTIO DIVINA. Par l’ORAISON, vous entretenez une relation d’amour avec votre AMI JESUS, un commerce d’amitié disait sainte Thérèse d’Avila. Dans cette relation d’amour, vous écouterez à écouter, à vous laisser interpeller par votre AMI, qui est le LOGOS, LA PAROLE.

Dans cette ambiance spirituelle que vous expérimenterez la différence culturelle. Vous rendrez compte (certainement que vous avez commencé à le vivre puisqu’il y a quelques semaines que vous vivez ensemble) que le défi se trouve dans l’unité dans la diversité de votre être. On voudrait tellement que les autres soient comme nous, et nous pensons que c’est la solution au problème de la communauté. Ne vous détrompez pas. Même dans l’équipe que votre AMI a composée durant son ministère dans le choix des douze, ils étaient presque tous différents. Chacun avec sa particularité, ses préférences, ses qualités et ses défauts.

Jésus disait à ceux qui le suivaient : « ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin  de moi ». Vous laissez découvrir progressivement, être vous-même devant vos formateurs est au cœur du discernement vocationnel (?). La parole de Dieu de ce Dimanche en est une belle illustration. Jésus nous propose deux modes de vie : le pharisien et le publicain.


Le pharisien se compare aux autres qu’il méprise tout simplement. Il se justifie lui-même. Il oublie qu’il est pécheur et que seul Dieu peut pardonner. Dès lors honnêtement ne sommes-nous pas quelque part comme ce pharisien ? Chaque fois que nous reprochons aux autres ce que nous faisons nous-mêmes. Quelqu’un riait comme un insensé au coin d’une rue. Un passant lui demande « pourquoi vous riez ? » l’autre lui répond : vous voyez cette pierre au milieu de la rue
 ? Depuis que je suis arrivé ici, dix personnes ont trébuché sur cette pierre, et aucune n’a eu l’idée de l’enlever pour empêcher les autres d’en faire autant »

Chaque fois que nous  nous justifions de nos erreurs au nom de notre sincérité.

Chaque fois que nous critiquons les politiciens sans proposer de solutions réalistes.

Chaque fois que nous mentons de bonne foi.

Chaque fois que nous prétendons être éclairés par l’Esprit Saint plus qu’un autre.

Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne se reproche rien ; on ne met pas en question : est-ce que Jésus ne s’adresse-t-il pas à moi dans cette page de l’Evangile ? C’est ici que la lectio divina trouve sa vérité, son objet capital : se remettre en cause car la parole de Dieu m’interpelle moi aussi comme les autres.

L’exemple du publicain doit faire choc en nous : il se reconnait pécheur, il n’ose pas même lever les yeux tellement il a honte de ses péchés. Il prend conscience qu’il n’aime pas assez ; il ne cherche pas des excuses pour justifier ses faiblesses ; il ne se compare pas aux autres, mais il se met face au miroir et accepte ce qu’il est en réalité.

Mes chers séminaristes, avec la grâce de Dieu, suivez le modèle du publicain.

A vous chers parents de nos séminaristes et chers frères et sœurs.

Cette année encore, le Seigneur nous envoie ses serviteurs pour qu’ensemble nous cheminions. Sachez que c’est une grâce que de prier pour ceux qui, demain seront nos prêtres et mêmes nos évêques. Leur cheminement vocationnel qui commence officiellement est aussi votre affaire. Votre présence à leurs côtés les rassure. Ils ne sont pas des anges, ni des démons. Ils sont faits de chair et d’os. Quelquefois le côté pharisien pourrait prendre le dessus, c’est à nous de les comprendre et pourquoi pas de les guider. Merci au nom de notre archevêque le cardinal Jean Pierre KUTWA pour vos aides matérielles, financières et spirituelles.

Révérends Pères, chers séminaristes, chers parents et chers frères et sœurs, en invoquant les prières de saint Jean Paul II et bien entendu de notre Bonne Mère, que cette année 2022-2023 nous réserve des surprises agréables en vue de raffermir notre vocation baptismale et presbytérale. Fructueuse année académique et spirituelle.


P. Séverin LATH, cjm

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