lundi 14 novembre 2022

Une petite histoire de Jean EUDES

 



LA FAMILLE BIOLOGIQUE DU PERE JEAN EUDES

 

Si les parents de Jean Eudes ne furent pas distingués par leur naissance, ils se rendirent au moins respectables par leurs vertus. Son père, nommé Isaac, avait reçu de l'éducation, et était destiné, dans sa jeunesse á la vocation sacerdotale. Il se préparait dans la retraite à recevoir les ordres, lorsqu'il apprit que tous ses frères, attaqués de la peste, avaient péri par cette cruelle maladie. Ce triste événement, en changeant sa situation, changea aussi ses desseins, et le détermina à embrasser l'état du mariage ; mais, fidèle à l'esprit de sa première vocation, il contracta la sainte habitude de réciter chaque jour le bréviaire, habitude qu'il conserva toute sa vie. Il choisit pour épouse, une fille vertueuse nommée Marthe Corbin, personne d'un esprit solide, d'un caractère décidé, et qui savait, ainsi que son mari, si bien inspirer de la retenue aux libertins, que ceux-ci n'osaient, en leur présence, se permettre rien qui fût contraire à la modestie, quoique la licence fut extrême dans ces temps malheureux, où les guerres civiles causées par le calvinisme étaient à peine terminées.

 

Isaac Eudes et son épouse étaient unis déjà depuis plusieurs années, et n'avaient point encore de fruit de leur union. Pour faire cesser cette privation qui les affligeait, ils eurent recours à la prière, et s'engagèrent par vœu à aller en pèlerinage à Notre-Dame de Recouvrance, chapelle située près de Tourailles, dans le diocèse de Séez. Dieu voulut sans doute récompenser leur foi, en accomplissant leurs désirs. Dès que Marthe s'aperçut que leur prière avait été exaucée, elle s’empressa d'aller avec son époux acquitter sa promesse, et consacrer son fruit à Jésus et à Marie. Elle devint bientôt mère d'un fils, qui fut le vénérable prêtre dont les actions font la matière de cet ouvrage. Cet enfant de bénédiction vint au monde le 14 novembre 1601, à Mézerai, Ri[1], où son père exerçait la profession de chirurgien. On lui donna le nom de Jean au baptême, qui lui fut administré quatre jours après sa naissance. Il fut l'aîné d'une nombreuse famille ; car ses parents eurent deux autres fils, et quatre filles qui s'engagèrent toutes dans le mariage. Le second de leurs fils fut le célèbre François Eudes, surnommé de Mézerai, auteur de plusieurs ouvrages ; il devint historiographe de France, secrétaire perpétuel de l'Académie française, et après une vie peu régulière, il termina ses jours par une mort édifiante. Le troisième servit dans les armées en qualité de chirurgien. De retour dans son pays, il fit preuve de tant de zèle dans l'exercice de sa profession, pendant que la peste désolait Argentan, que les habitants de cette ville le retinrent au milieu d'eux, et l'exemptèrent à perpétuité des impôts, ainsi que du logement des gens de guerre, comme une marque de leur reconnaissance pour les importants services qu'il leur avait rendus. Jean, dès ses premières années, se fit remarquer par son bon esprit, son excellent naturel et son inclination pour la vertu. Il a eu conscience dès le début de sa vie, qu’il appartenait au Seigneur, et il ratifie : « Je suis à toi, Seigneur Jésus, je suis à toi, ¡ô Dame Marie !»[2]

 

Un enfant qui annonçait des sentiments aussi chrétiens devait être destiné à former par la suite les âmes à la pratique de la vertu. Ses belles qualités montraient que le Seigneur avait sur lui des desseins particuliers de sanctification, et tout indiquait qu'il ferait un jour un digne serviteur de Jésus-Christ. Cependant les parents d'Eudes ne songeaient pas à lui donner de l’éducation ; ils le destinaient à prendre soin de la famille. Sa complexion délicate leur paraissait un obstacle qui devait l'empêcher de se livrer avec succès à l'étude. Mais leur fils, à qui peut être Dieu faisait dès lors connaitre sa volonté, insista tellement, et leur demanda cette grâce avec tant d'ardeur, qu'ils se décidèrent à le confier à un vertueux ecclésiastique, nommé Jacques Blanette, qui habitait ce canton, et qui, en lui enseignant les premiers éléments de la grammaire, lui donna aussi la connaissance des principaux devoirs du christianisme. Les soins du maître furent promptement récompensés par les progrès rapides de l’élève qui avança bientôt à grands pas, non seulement dans les lettres, mais encore dans la science des saints. Cet enfant a été aimé avant d’être engendré. Il restera toujours enfant, simple et humble. Il a appris que le royaume des cieux est pour ceux qui sont comme des enfants. Matthieu 19,14.

 

Quand il avait dix ans, il était perdu et tout le monde dans la famille était évidemment très inquiet. Ils ont cherché partout. Finalement, ils sont allés au temple et il était là, entrain de prier. À partir de cet âge, il a commencé à avoir une connaissance intime et personnelle de Dieu. En 1613, il fit sa première communion, l’expérience de Dieu vivant, et un peu plus tard il se consacra à ce Dieu vivant par le vœu de chasteté. Ses frères regardèrent avec émerveillement l’exemple de l’aîné. Bien qu’il soit en santé fragile, prie, collabore dans la maison et dans le jardin. Il leur donne de l’affection et partage avec eux ce qu’il apprend dans le catéchisme et la Bible. Toute la famille s’était habituée à l’affection de Jean. Par cela, ils avaient pleuré son absence quand il était parti à Caen pour étudier. Tout le monde à la maison est convaincu que Jean, le bon fils, le bon frère, ne peut être qu´un bon citoyen au service du Roi Français et un bon chrétien au service du roi des Cieux. Chaque soir, la famille se réunissait pour prier pour lui. C´est un bel exemple pour nous familles chrétiennes, amis, associés, en ce jour où nous célébrons l´anniversaire de naissance de notre Père fondateur Jean Eudes de prier davantage les uns pour les autres surtout pour nos enfants.

 

 

 

Père Sylvain M. AHOUANKON, cjm

Directeur du Centre d´Accueil et de Spiritualité

Saint Jean Eudes d´Atrokpocodji.                               

 

 



[1] Cette paroisse est à deux lieues d'Argentan, dans le diocèse de Séez, en Basse-Normandie

[2] EUDES Jean, OC I, Paris-Vannes, Lafolye Frères, 1906, p.103.

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