L’annonce
du décès du P. Jacob-Médéwalé AGOSSOU a été un choc pour moi et aussi pour tous
ceux qui l’ont connu. Mais une fois le ressentiment passé, j’ai pensé
immédiatement à Amadou Hampâté, le vieux sage de l’Afrique qui disait que
lorsqu’un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.
« Fofo »
Jacob, c’était notre « vieux ». Nous sommes un certain nombre,
originaires de la paroisse St André de Yopougon, à l’avoir connu depuis l’école
primaire. A travers ces quelques lignes, je voudrais simplement rendre
témoignage à celui qui fut pour nous, un savant, un pasteur et un père.
En
effet, « fofo » Jacob fut une bibliothèque ambulante, un temple du
savoir. Il était incollable et avait un mot à dire sur tout. Jacob avait un CV
impressionnant. Il a été doublement docteur : docteur en théologie et
docteur en philosophie.
Jacob
a été un enseignant apprécié pour son savoir et son intelligence. Il fut l’un
des pionniers de la création de l’Institut Catholique de l’Afrique de l’Ouest
devenu aujourd’hui UCAO (Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest). Rentré
au Bénin, après plusieurs années en Côte d’Ivoire, Jacob a été chargé par la
Conférence Episcopale du Bénin de la construction et de la direction de l’UCAO
– UUC (Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest – Unité Universitaire de
Cotonou). Il a également enseigné au Grand Séminaire St Gall de Ouidah et à l’Université
Nationale du Bénin.
Enseignant
chevronné et apprécié, Jacob a été aussi un pasteur et un bâtisseur. Il a été
associé à la pastorale de l’église St André de Yopougon comme vicaire
dominical. Il a été pendant de nombreuses années, curé de la paroisse Bon
Pasteur de Cotonou. On se rappelle encore ses homélies et même ses préfaces
chantées. De très beaux souvenirs !!!
En
tant que bâtisseur, Jacob voyait loin et grand. Il était le premier d’une
grande famille, celle des Eudistes en Afrique. Il a construit la Fraternité St
Jean Eudes de Yopougon (Côte d’Ivoire) et la Fraternité St Jean Eudes de
Godomey à Cotonou. Ces deux grandes maisons font aujourd’hui la fierté des
Eudistes d’Afrique.
Au-delà
de ces facettes, Jacob a été comme un père pour beaucoup d’entre nous. A
Yopougon, Jacob n’habitait pas au presbytère. La Congrégation de Jésus et Marie
(les Eudistes) lui avait accordé l’autorisation d’habiter au cœur du quartier.
Il était proche des habitants du quartier qui le connaissaient et
l’appréciaient. Il accordait une grande attention à tous ceux qui venaient
frapper à la porte. Il prenait le temps de les accueillir et de les écouter. Et
très souvent, « Fofo » a assuré la scolarité de plusieurs enfants du
quartier. C’était un homme de cœur et il savait être généreux. Sur le chemin de
la croissance, Jacob a été pour beaucoup d’enfants et de jeunes, un
grand-frère, un ami et un père. Les habitants de Sicogi ne pourront jamais
l’oublier.
« Fofo »
Jacob avait certes ses défauts comme tout homme, mais le souvenir que je garde
de lui, c’est l’image d’un homme d’Eglise, totalement donné, consacré à Dieu
pour l’annonce de l’Evangile, pour un « christianisme africain ». « Fofo »,
que ta mort soit semence de vie…A nous revoir !
Raphaël Drabo
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