Dans l’ère culturelle du sud du Togo/Bénin/Ghana, le Fofo, communément traduit en français « grand frère » n’est pas seulement celui qui a vu le jour avant vous et par conséquent dépasse en âge, mais aussi surtout celui qui, dans les diverses situations et choix auxquels chaque être humain est soumis, a une expérience à partager, quelque chose à transmettre, une direction à indiquer à ceux qui viennent après, c’est-à-dire à ses « petits frères ». Pour la famille spirituelle eudiste en Afrique, en particulier dans sa branche masculine en Afrique de l’Ouest, le père Jacob a été un authentique Fofo.
Jacob a découvert cette congrégation eudiste
lorsqu’il était encore grand séminariste de son diocèse. Il est allé rejoindre
les pères Eudistes présents au Grand séminaire d’Anyama quelque temps après
avoir fait leur connaissance. Ce fut le début d’une nouvelle expérience de vie
communautaire et missionnaire, non seulement pour lui mais aussi pour les
premiers pères eudistes qui venaient de débuter leur nouvelle mission de
formation du clergé local en Côte d’Ivoire.
Cette première tentative d’accueil réussie
avec un premier candidat africain, ouvrit
par la suite la voie à l’arrivée d’autres Africains de la région
ouest-africaine. Doué d’une grande capacité intellectuelle très vite remarquée,
ses Supérieurs lui ont permis de poursuivre ses études jusqu’au doctorat en
théologie dogmatique. Envoyé ensuite à Abidjan comme professeur au grand
séminaire d’Anyama et ensuite à l’ICAO, sa vie d’enseignant compétent et
séduisant, allait très vite éveiller en beaucoup de jeunes et même de prêtres
le désir de devenir « eudistes ».
Aussi grâce à la clarté qui illuminait ses
enseignements et l’éloquence captivante qui caractérisait sa personne, à partir
de ce moment jusqu’à son retour dans son pays natal au Bénin dans les années
1990, le père Jacob Agossou a-t-il été
l’Eudiste par lequel beaucoup de jeunes africains allaient non seulement
découvrir la Congrégation de Jésus et Marie (Eudistes), mais surtout se poser
la question de leur possible intégration à cette branche missionnaire des « formateurs
des formateurs ».
Fofo, Jacob l’a
vraiment été dans la Congrégation de Jésus et Marie en Afrique surtout pour au
moins deux raisons indéniables : premièrement parce qu’il a été non
seulement le premier eudiste africain, mais surtout parce que Jacob avait été
parmi les eudistes, celui qui avait pris à cœur la pastorale des vocations
eudistes partout où sa mission le conduisait. En Côte d’Ivoire comme au Bénin
où les Eudistes s’étaient implantés, Jacob s’était personnellement occupé de
façon active des aspirants eudistes. Grâce à ses soins, la deuxième et la troisième
génération des Eudistes se sont vite constituées. Il suscitait en tous ces
jeunes qui venaient rejoindre sa « bande » eudiste, le désir de la
compétence et le sens de la fraternité au-delà
de l’ethnie. Aussi beaucoup de jeunes Ivoiriens, Burkinabé, Togolais et Béninois ont-ils pu effectuer
leur entrée chez les Eudistes.
Deuxièmement Jacob a été un Fofo, par le souci qu’il avait porté à mettre
sur pied une politique non seulement de recrutement de candidats, mais aussi de
la visibilité de sa Congrégation. Malgré la très grande réticence, voire le refus
de certains de ses confrères en mission en Afrique de l’Ouest, Jacob a réussi à
convaincre ses Supérieurs Provinciaux de la nécessité de « Homes eudistes » tant à Abidjan
qu’à Cotonou. Bien au-delà du problème de visibilité, se posait en effet gravement
le problème de lieux de retrouvailles des Eudistes chaque fois que le besoin se
faisait sentir. Ainsi a-t-il organisé et dirigé lui-même la construction des
deux premiers « Homes eudistes »
: le premier dans la proximité de la Cathédrale saint André dans le diocèse de
Yopougon et peu de temps après, le second à Atrokpocodji, dans la périphérie de
Cotonou.
Fofo
Jacob ne s’était seulement contenté de montrer la direction et d’accueillir
ses petits frères en leur préparant des lieux pour les abriter ; il a été aussi
l’Eudiste africain à avoir légué à ses frères un terrain rural de plus de 30
Hectares pour le développement de leurs futures œuvres de miséricordes. Depuis déjà
trois ans, une Ecole agro-écologique s’y est implanté avec même un
encouragement manifeste du Ministère de l’Enseignement supérieur du Bénin. Ces
quelques mots écrits ici voudraient lui rendre hommage pour tous les services
qu’il a rendus aux Eudistes et surtout pour le modèle de Fofo qu’il constitue
pour nous tous dans le sens de la fraternité et de l’engagement pour le bien du
peuple de Dieu.
P. Edoh BEDJRA
Président de
l’UCAO/UUC
Cotonou, Bénin
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