Le
Père Jacob a laissé à la Musique Sacrée un héritage dont nous sommes aujourd'hui le témoin. De son élève que nous avons été au prêtre que nous
sommes devenus à sa suite comme Responsable de la Musique Sacrée, les
témoignages que nous avons de lui nous laissent admiratifs et rassurés. Il ne
serait pas bon qu’un tel héritage soit galvaudé et qu’en prenant le relai, un
recul historique nous conduise à l’entretenir et à le porter à son achèvement.
le P. Jacob à la gauche du P. Pedro DROUIN |
Le
ministère de prêtre serviteur du Christ Prêtre au service de la Musique Sacrée,
le père Jacob l’a vécu avec beaucoup d’application, de goût pour les réalités
bien conduites et bien suivies. C’est
lui qui a succédé au Révérend Père
Gilbert DAGNON, de vénéré mémoire, à la Direction de la Musique Sacrée, service
qu’il a rendu en tant que Curé de la paroisse Bon Pasteur de Cotonou. Sa
désinvolture apparente cache la recherche d’une vie intérieure et de la qualité
d’un ministère pastoralement bien vécue. Il est soigneux de la liturgie, de la
célébration de l’eucharistie et des autres sacrements. Le soin particulier qu’il porte à la Liturgie de la Parole a
attiré plus d’un : dans ses homélies, sa parole se faisait à la fois
chaleureuse et sensible, ample, et même lyrique, et persuasive. Dans sa
sensibilité pastorale, il est le premier à instituer la Messe Dominicale
anticipée au Samedi soir, pour que celui qui est au service social ne manque
pas du pain de la Parole de Dieu. Les premières célébrations de ces messes anticipées
ont été tellement appréciées que lui-même se laissait facilement aller à des envolées
philosophiques et théologiques dans une
Liturgie de la Parole qui attirait étudiants et professeurs, chercheurs et
fonctionnaires... Ce souci pour la qualité de la Parole de Dieu l’a conduit à
œuvrer pour la première traduction du Missel en langue fon. Son souci de bien faire l’a conduit à
informatiser la première version revue et corrigée de ce missel en Fongbé. Il est clair que la vision de
cet homme de Dieu met au centre la Parole de Dieu comme la source de la qualité
d’une foi authentique.
Dans
cette annonce de la Parole de Dieu à temps et à contre temps, le Père Jacob est
resté un musicien équilibré. S’il a été influencé par sa mission en Côte d’Ivoire,
il a su tirer le meilleur parti du genre musical promu par cette Maîtrise de
Yopougon qui dans les années 90 a su montrer les capacités d’une musique
assurée qui prenait ses responsabilités en Afrique noire francophone et osait
s’affirmer comme une musique d’identité africaine avec une technicité
européenne. La création ou la
restructuration de la chorale Saint Charles Lwanga de Bon Pasteur en est la
preuve. Le père Jacob n’était pas à l’abri des critiques surtout avec cette
polémique autour du « chant en o » ; mais il a assuré et pris
ses responsabilités de pasteurs. S’il est vrai qu’aucun art n’est à l’abri des critiques,
surtout s’il prend ses libertés dans ses rapports au respect des formes
traditionnelles, le musicien qu’est le Père Jacob a allié les rigueurs de la
technique avec les libertés de l’artiste à ouvrir des horizons nouveaux pour
une inculturation possible de la musique liturgique : la Messe Ouémé I en est un exemple éloquent. Cette sollicitude pastorale est accompagnée
d’une insistance sur l’espace privilégié qu’il faudrait aménager à la chorale.
Il est resté dans le respect de l’application des directives liturgiques du
Concile Vatican II a rapprocher la chorale de l’autel pour qu’elle soit au
service de la liturgie. Ce respect des nouvelles normes est accompagné d’une
ouverture aux nouveaux instruments de la musique moderne et aussi de
l’orchestre contemporaine où l’introduction de la batterie devient une
nécessité. Et pour que cette réforme n’asservisse, ni ne ternisse pas le rôle
de la musique au service de l’art sacré, il a toujours tenu que la musique soit
subordonnée à la voix. Il fallait voir
le Père Jacob diriger l’Union des Chorales Sainte Cécile sur la Messes des anges quand le Pape est
arrivé au bénin en 1992 ! La rigueur n’avait pas manqué au rendez-vous.
Mais cette rigueur s’accompagnait d’un humour et d’une humanité qui faisait de
lui un pasteur selon le cœur de Dieu et selon les exigences du temps. Avec lui
la musique sacrée est restée un moyen de promotion humaine pour une vie
spirituelle axée sur la conscience de la recherche d’une intimité avec le
Christ.
Le bilan pastoral du Père Jacob AGOSSOU en tant Responsable de la Musique Sacrée se
résume dans la prise de conscience d’un art sacré qui ne doit pas perdre son
lien avec la liturgie. Il s’est efforcé de vivre à la suite du Christ Pasteur
et prêtre, en veillant à l’épanouissement de la vocation au chant sacré,
veillant à une prise de conscience de la responsabilité des laïcs, des
choristes dans le service liturgique et dans le service des autres. Il a veillé
à sa propre disponibilité missionnaire envers les chorales si bien que tel ou
tel choriste se souviendra encore de sa qualité humaine et son accompagnement
spirituel. Il est à l’origine de la promotion à la vie professionnelle de
beaucoup de choristes. Il s’est beaucoup intéressé à la vie de l’Eglise et à
l’expérience de l’Esprit Saint avec le renouveau charismatique, à l’expérience
des solidarités proches avec les mouvements des organismes caritatifs.
En nous quittant, il laisse un héritage riche plein de promesse pour l’avenir. Plaise au ciel que cet héritage soit entretenu et porté dans les desseins de Dieu. Nous prions pour qu’il soit accueilli dans la miséricorde de notre Père du Ciel
Christophe CAKPO
Cérémoniaire de l’archidiocèse de Cotonou
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